série Vistas veladas, Amman I (Four Seasons Hotel), 2007

Expositions

08 Janvier - 13 Mars 2011

Anna Malagrida

Exposition organisée par la FUNDACIÓN MAPFRE, en collaboration avec le CPIF

Anna Malagrida possède l’un des parcours professionnels les plus intéressants de l’art contemporain espagnol. Cette exposition, même si elle ne montre pas la totalité de son parcours artistique, se présente en tant que rétrospective. Parmi les pièces sélectionnées, nous trouvons certaines de ses séries les plus connues, ainsi que ses dernières œuvres réalisées, dont une partie d’entre elles, inédite, a été conçue spécialement pour ce projet.

Anna Malagrida (Barcelone, 1970) vit à Paris depuis 2004. Elle pratique la photographie et la vidéo. Souvent pensées autour de l’opposition dialectique entre intérieur et extérieur, ses pièces invitent le spectateur à une expérience à la fois intuitive et physique, portée par le sens à l’oeuvre dans les photographies. La fenêtre, le voile ou la frontière sont quelques uns des motifs qu’elle emploie pour faire dialoguer les différents espaces et parler de la dualité, de l’instable et de l’ambigu, par opposition à l’univoque.

Sa trajectoire en tant que photographe débute en 1988, année de son inscription à l’Université Autonome de Barcelone, où elle obtiendra une licence en Sciences de l’Information. Décidée à travailler avec le médium photographique, elle poursuit sa formation à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 1993.

À partir de 1998, elle développe un travail plus personnel. Ses images commencent à se structurer autour d’une poétique de l’opposition entre espaces intérieur et extérieur, lumière et obscurité, transparence et opacité, réalité et représentation ; elle s’attache à sonder le rapport entre la photographie et le monde contemporain.

Il y a dans sa démarche la trace évidente d’une réflexion constante sur le statut de l’image dans l’actualité, les limites de la photographie et la dualité du regard. Cette problématique s’articule autour d’un des motifs récurrents de l’Histoire de l’art, la fenêtre, protagoniste absolu de toute son oeuvre. Une fenêtre qui a un rôle stratégique : c’est la limite entre l’intérieur et l’extérieur, à travers laquelle l’artiste invite le spectateur à communiquer avec l’image photographique à proprement parler. À la fois cadrage et organe de connexion, elle est parfois un simple verre transparent qui n’interfère pas avec notre perception, mais prend à d’autres occasions un caractère délibérément pictural, nous renvoyant à l’art informel européen ainsi qu’à l’expressionnisme abstrait américain.

Cependant, tout n’est pas visible dans le travail d’Anna Malagrida. Le cadre de la fenêtre implique toujours un hors-champ invitant le spectateur, dans sa contemplation, à déployer son imagination. Cet intérêt pour l’expérience du spectateur renvoie à la notion de voyeur et permet de réfléchir au regard, essence du visible.

Pour Anna Malagrida, la photographie est plus qu’un fidèle reflet de la réalité, ses modalités dépassent de loin la notion traditionnelle d’instantané. Au-delà de la représentation, elle construit des images où la trace du réel est palpable, créant des pièces aussi poétiques que contenues. Son oeuvre revêt une dimension très particulière, l’appareil photographique nous renvoyant, tout en nous dévoilant un extérieur, à notre espace intime, intérieur.

Isabel Tejeda


Dans le cadre de l’exposition, un catalogue est publié. Cette édition bilingue anglais-français, comportera des essais de Rachida Triki, historienne de l’Art à l’Université de Tunis et de Martin Peran, critique d’art et professeur d’Histoire de l’Art à l’Université de Barcelone. À cela se joindront plusieurs textes d’Isabel Tejeda, commissaire de l’exposition, dont notamment un entretien avec Anna Malagrida, nous offrant une approche plus personnelle de l’oeuvre de l’artiste.

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