Les habillés, 2005-2007

Expositions

10 Octobre - 22 Décembre 2007

Fantasy - c'est pas du jeu !

Avec Maïder Fortuné, Ellen Kooi, Jan Kopp, Inez van Lamsweerde, Catherine Larré, Yveline Loiseur, Mireille Loup, Loretta Lux, Maria Marshall, Ralph Eugene Meatyard, Motohiko Odani, Robin Rhode, Alessandra Sanguinetti, Kerry Tribe, Santeri Tuori et Shoji Ueda


Commissariat de Nathalie Giraudeau, directrice du CPIF, en collaboration avec Christine Ollier, directrice de la Galerie Les Filles du Calvaire et le concours du Fonds national d'art contemporain.

Fantasy est le titre d'un projet d'exposition commun organisé par le Centre Photographique d'Ile-de-France et la Galerie Les Filles du Calvaire, à propos de l'enfance dans la photographie et la vidéo contemporaines. Le terme anglais Fantasy, qui désigne à la fois le fantasme et le fantastique, sert de fil conducteur aux deux volets de cette exposition présentée au Centre Photographique d'Ile-de-France du 9 octobre au 22 décembre sous le titre " C'est pas du Jeu ! " et du 24 novembre au 19 janvier sous le titre " What Ever Happened to Your Dreams ? " à la Galerie les Filles du Calvaire.

Objet et cible privilégiée de la publicité, l'enfant est fréquemment représenté par l'art contemporain et notamment en photographie et vidéo. Si les œoeuvres rassemblées renvoient à la période de l'enfance, à son ambiguïté, à son ambivalence, aux joies et aux angoisses liées aux pulsions, les mises en scène affirmées, les manipulations numériques évidentes, ou exagérées, apparaissent comme des formes de résistances à une vision idyllique de l'enfance, aux projections des désirs des adultes et aux rôles qu'ils voudraient leur faire jouer. Le titre de l'exposition, en reprenant une expression enfantine, qui pose des limites, " C'est pas du jeu ! ", insiste sur ce phénomène, orchestré par l'artiste même.

Entre rêve et cauchemar, les images d'Ellen Kooi nous confrontent à d'étranges mises en scène. Dans Alphen a/d Rijn-Pad, (2002-2003) une interminable file de personnages vue de dos se dirige vers une destination énigmatique tandis qu'un petit garçon accroupi, le regard inquiet, nous fait face. Il tient dans ses mains un crapaud (élément cher aux frères Grimm ou à H. C Andersen): à la dimension historique que l'on prête facilement à cette file, aux allures d'exode, s'oppose une dimension atemporelle, mythologique, et fantastique. Si chez Ellen Kooi, le paysage fascine le spectateur par son étrangeté, chez Mireille Loup il exacerbe la vulnérabilité de l'enfant. Dans la série Esquives, une petite fille évolue à travers des paysages grandioses, sublimes qui renforcent sa solitude et sa possible mise en danger face à cette immensité.

L'étrangeté traverse aussi les travaux de Loretta Lux qui utilise les codes du portrait classique (pose, décor, apprêt), le logiciel de retouche se substituant à la palette, pour construire une image idéale de l'enfant. Celui-ci n'est pas représenté en tant qu'individu, mais comme sujet déshumanisé, aussi idéalisé qu'une poupée, dont les disproportions en font un monstre fascinant.

Catherine Larré, juxtapose avec audace des vêtements, des perruques à l'image d'une fillette. Dans le petit théâtre de son atelier, elle crée une situation inédite : devant l'image projetée et statique des objets sont mis en scène. De subtils décalages s'opèrent : anachronismes vestimentaires, dentelles figées inadaptées au corps en mouvement, gestes impossibles. Ces photographies à l'esthétique éthérée, quasi symbolique, ne sont pas sans rappeler l'univers gothique.

L'enfant n'est plus présenté comme une " miniature d'homme ", mais comme un autre radical, un être mystérieux, parfois hostile, voire cruel, pour autant fragile et vulnérable. Les images plus épurées et réalistes d'Yveline Loiseur, dont certaines évoquent le calme froid de la peinture de Vermeer, présentent une série à travers laquelle une petite fille semble déjà touchée par les tourments de l'âge adulte. Avec une sobriété et une dimension psychologique équivalentes, les vidéos de Maria Marshall nous plongent dans l'enfance, entre fascination et malaise, et provoquent le sentiment d'une violence sous-jacente.

Evoquer l'enfance c'est aussi convoquer une aptitude perdue. Dans ses montages vidéo qui mettent en scène des enfants autour de dessins à la craie figurant balançoire ou tourniquet, Robin Rhode restitue cette capacité qu'a l'enfant à alimenter la réalité par l'imaginaire, au point qu'ils se confondent.

Bribes de fictions cinématographiques, réactivations de contes, fragments de récits entre fables et mystères, l'enfant joue ici toute sa complexité.

What Ever Happened to Your Dreams ?
Galerie Les Filles du Calvaire, Paris, du 24 novembre 2007 au 12 janvier 2008
Maïder Fortuné, Julia Fullerton Batten, Ellen Kooi, Mireille Loup, Alessandra Sanguinetti, Marie-France et Patricia Martin, Elke Boon, Santeri Tuori, Wendy Mc Murdo, ...

Le titre de l'exposition à la galerie Les Filles du Calvaire : What ever happened to your dreams ? fait quant à lui une allusion directe à la nouvelle d'Henry Farrell publiée en 1960 et adapté au cinéma par Robert Aldrich en 1962, What Ever Happened to Baby Jane ? (Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?). Celui-ci introduit davantage les notions de fantasme et de dualité, entre romance et terreur, entre pureté et perversité, incarnées dans le film par une Bette Davis vieillissante enfermée dans ses désirs d'enfant et d'éternelle jeunesse, en lutte avec la perversité de Joan Crawford. Cette deuxième partie mettra ainsi l'accent sur des pièces illustrant la perte et le désir éperdu de l'adulte à préserver ses rêves.

Cette double exposition se souhaite comme un chemin de traverse parmi de nombreuses créations contemporaines. On pourra retrouver quelques artistes présents sur les deux espaces d'exposition par une diversité de travaux présentés tandis que d'autres œoeuvres trouveront une articulation spécifique dans une des deux propositions.

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